De l'importance de l'étude de cas

Publié le par murray

Pas de bus...le contraire m'aurait étonné...C'est  ce lundi 25 juin 2012, habillé comme pour aller à un mariage que je me suis dirigé pour la première fois depuis plusieurs semaines vers ma chère et tendre faculté de droit.

L'objectif du jour était simple: réussir mon dernier examen, une plaidoirie dans une affaire qui semblait pourtant perdue d'avance. Mais j'avais toutes les cartes en main, un discours connu sur le bout des doigts, une assurance gagnée par un habillage digne de Reservoir dogs (honte à toi mon cher lecteur si cette référence t'échappe) et l'envie d'en finir avec ces examens de Master 2.

Alors j'ai continué la route vers la fin de mes examens. Mais je n'étais pas seul. A côté de moi se trouvait mon client. Il n'avait pas l'air rassuré: pensait-il que ma défense n'était pas bonne? Etait-ce simplement du trac? A côté de lui, les autres acteurs de cette affaire, ceux que je voulais remettre en question, mes ennemis d'un jour.

Nous étions décidés à livrer notre performance, pour un finir avec cette histoire, mais le stress a augmenté à chacun de mes pas. Bien trop rapidement, nous nous sommes approchés de la faculté. Mes camarades d'un jour, mon client comme ses ennemis, sont restés à l'extérieur fumant une cigarette sans doute (chacun se détend comme il le peut) et j'ai ouvert la porte...

 

L'atmosphère était différente. Au delà du simple vide de la grande salle principale qui s'expliquait par la fin de l'année scolaire, l'air était chargé d'un mélange d'odeurs de peur et de fin.

C'est à ce moment précis que j'ai réalisé qu'il s'agissait bien plus que de la simple fin des examens, c'était avant tout la fin de ma vie d'étudiant qui se jouait ici. Et en bon geek que je suis, il me fallait battre le boss final de cette aventure d'étudiant en droit.

Chaque pas me rappelait un passage de cette aventure à la durée de vie bien trop longue: Je revoyais ma première entrée dans l'amphithéatre à une époque où celui-ci était rempli du premier au dernier rang et où deux divisions étaient nécessaires; puis j'ai aperçu mon premier td de droit constitutionnel; la première fois que j'ai entendu le mot jurisprudence et que, comme la plupart des étudiants, j'ai regardé comme mon voisin écrivait ce mot; le stress de mes premiers examens; ceux qui étaient partis bien avant la fin de la première année; ceux qui s'étaient échappés du piège de la deuxième année; ma longue bataille sanglante avec l'hydre du droit administratif qui comme le monstre mythique, voit deux nouveaux principes apparaître dès qu'un a enfin été compris; ma découverte du monde pénal; les différents oraux que j'avais pu affronter, certains vaincus triomphalement, d'autres avec bien moins de courage.

Au bout du couloir j'ai même aperçu le trou sans fond du secrétariat, ce sombre endroit que l'on approche avec crainte et dont on ne sait jamais si l'on pourra en ressortir, et si c'est le cas, dans quel état et a quelle heure...Plus loin encore la reprographie où même les plus courageux maîtres de conférence et chargés de td hésitaient à mettre le pied.

Ces souvenirs et tant d'autres apparaissaient et disparaissaient au fur et à mesure de mes pas et, après quelques marches et dans un sentiment de stress un peu plus important encore, je me suis retrouvé dans le couloir menant à ce boss final, ce dragon pénal, une bête bien plus imposante que l'hydre administratif, à la fois hypnotisante et sans pitié pour quiconque ose la défier.

Le doute m'a alors envahi...avais-je assez affuté l'épée de mes connaissances? Le bouclier juridique forgé par toutes ces années dans les codes me protègerait-il suffisament?

La porte s'est alors ouverte à côté de moi, les flammes du dragon de l'étude de cas léchaient son cadre et j'ai eu un mouvement de recul, pris de panique. C'est alors qu'une main s'est posée sur moi. Je me suis retourné et j'ai vu mon client. Il me souriait, confiant. Son regard m'a convaincu, si je ne combattais pas ce monstre pour moi, il fallait que je l'affronte au moins pour lui.

Il est entré, me jetant un dernier regard et je l'ai suivi jusq'à ce que la porte se referme dans mon dos....

 

 

P.S: Dans l'optique improbable où un professeur viendrait un jour lire cet article, je tiens juste à préciser que je ne compare en rien cette personne à un dragon (bien que, soyons honnête, personnellement je serais pas contre l'idée d'être comparé à un dragon). Je parle bien ici de l'épreuve et non du jury qui compose celle-ci.

P.S.2: Apparement je n'ai pas beaucoup été présent ces derniers temps....c'est pas ma faute....(on verra bien si ça marche...)...je me rattraperai

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